Pourquoi wallonica.org ?

Aborder sur une des îles de l’archipel wallonica.org n’est pas un hasard et, avec l’aide de la fée Sérendipité, chaque pirate y trouvera son compte. C’est là notre mission, définie dans la chasse-partie (Littré : « Accord par lequel les aventuriers règlent ce qui doit revenir à chacun pour sa part« ) que nous partageons avec nos partenaires des sept mers. A chaque île son trésor et il y en aura pour tout le monde… si chacun respecte notre chasse-partie, notre Charte de qualité.

© blog.action-sejours.com

Les pirates des savoirs ne sont néanmoins pas des corsaires, faute de subsides suffisants (à bon entendeur…). Plongez dans l’imagier de votre enfance : les corsaires étaient des pirates du Roy, financés par celui-ci et… par les trésors qu’ils capturaient ! Mais ce sont aussi des pirates, parce qu’ils écument les mers pour chasser les savoirs plutôt que de hanter des palais de marbre où ils seraient déjà « envitrinés ». Que voilà une métaphore bien filée… mais, jusque là seulement car nous ne pratiquons ni le tir au mousquet, ni la pendaison et nous ne signons pas nos articles avec notre sang, malgré notre engagement. Les temps ont changé et les sept bibliothèques de wallonica (encyclo | biblioteca | boutique | documenta | poetica | technica | topoguide) se positionnent dans un monde connectéla technologie doit servir la liberté de pensée.

Moebius, illustration pour le périodique « 92 Express » (n°38, février 1993)

Qui plus est, notre approche encyclopédique ne vise pas à développer un site de référence supplémentaire : d’autres, dont c’est le métier, le font mieux que nous. Aujourd’hui, les musées, les universités, les institutions « à contenus », les entreprises qui gèrent leur « capital savoir » (Knowledge Assets), tout comme une myriade d’amateurs éclairés, en Wallonie-Bruxelles comme dans le reste de la Francophonie, tous ont déjà fait un travail formidable, matérialisé dans des sites et des portails fiables, richement documentés et équipés de bons dispositifs d’indexation et de recherche. Hélas, comme Baudelaire l’évoquait déjà…

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

La vie antérieure (in Les Fleurs du mal)

…beaucoup de ces portails s’assimilent de facto à des grottes basaltiques, où souffle le vent de la science mais où, souvent, résonnent trop peu les clics des visiteurs curieux. Monsieur-et-Madame-tout-le-monde ont le clic paresseux, quand il s’agit de culture et de citoyenneté. Faut-il accuser l’outil ?

Non. Nos fidèles le savent : de Prométhée à Icare, en passant par Adam, nos mythes fondateurs nous avertissent que l’outil n’est pas tout, qu’il n’est ni une fin, ni un dispositif suffisant. Ah ! L’illusion que l’on peut voler plus haut, toujours plus haut, grâce à des ailes artificielles. Non, plus simplement – et le message des dieux est clair – pour devenir plus humain et bien s’entendre avec soi-même – il n’est qu’un chemin : la sueur de notre front, le travail, le chemin. Dans notre cas : le travail sur les savoirs. Et la lecture… lente.

Comment dès lors susciter ce travail d’expérimentation des savoirs, d’appropriation active de notre culture de Belgique francophone ? C’est là l’objet de notre travail d’éditeur : générer une ‘expérience utilisateur’ qui débouche sur la curiosité, le débat et la digne humanité de chacun. C’est donc une question de « comment » (éducation permanente). Et nous laissons le « quoi » à nos confrères bailleurs de contenus… en partie seulement, car wallonica.org regorge également de contenus originaux.

Nous travaillons pour l’humain dans un monde technique…

Baptisée entre nous la méthode des deux entonnoirs, notre méthodologie tient en trois étapes principales :

      1. LA CAPTURE. Ici, notre technique de capture des visiteurs est aussi retorse ou perverse que celle de n’importe quel acteur du e-Business, mais c’est pour la bonne cause : nous ne vendons rien. Nous mettons en oeuvre les dispositifs techniques et sociaux qui renvoient à une expérience utilisateur familière pour nos cibles : réseaux sociaux, illustrations parlantes, navigation riche, infolettres et excellente indexation sur les moteurs de recherche… C’est notre premier entonnoir qui ratisse large pour amener le futur afficionado à un premier clic pour entrer dans l’expérience wallonica et susciter le clic suivant, celui du curieux des savoirs. Les témoignages de notre Livre d’or sont éloquents à ce propos.
      2. L’ANIMATION. Après le marketing pur et dur, vient le travail d’édition et d’animation. De la veille à la publication, en passant par la sélection et la réseaugraphie, chaque détail des articles (métadonnées, texte, iconographie, mise en page, liens, fiche-qualité…) doit activer la curiosité du visiteur et l’équiper pour le débat ou la réflexion personnelle. « Il faut manger le monde » disait Nietzsche. A nous de faire mâcher les savoirs pour que le « citoyen visiteur » (diraient les révolutionnaires), s’approprie ce qu’il/elle a découvert au fil des clics. Sérendipité fait loi ! C’est le canal plus concentré qui raccorde entre eux les deux entonnoirs : le passage de toutes les turbulences cognitives.
      3. LA REDISTRIBUTION. Si wallonica.org ne se positionne pas a priori comme un site de référence, nous avons la prétention de travailler tous les jours à redistribuer la navigation de nos visiteurs vers nos collègues de Wallonie et de Bruxelles, spécialistes ou bon vulgarisateurs. Nous sélectionnons des sujets d’intérêt issus de toute la Francophonie (notre Revue de presse ratisse large) et chaque article est assorti d’une série de onze liens vers des sites Wallonie-Bruxelles liés au même sujet ! C’est ainsi qu’un visiteur aura lu un de nos articles sur Léonard de Vinci, trouvé via un moteur de recherche, pour découvrir, au clic suivant, des artistes de chez nous, comme Brigitte Corbisier, Bénédicte Wesel ou Raoul Ubac. C’est là notre second entonnoir.

Voilà pourquoi wallonica.org ! Alors : « Pirates des savoirs de tous les pays, unissez-vous ! » Et si la démarche vous intéresse, contactez-nous…

Patrick Thonart


[INFOS QUALITE] statut : migré et mis-à-jour (20251005) | mode d’édition : rédaction, édition et iconographie | auteur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © DP ; © blog.action-sejours.com ; © 92 Express.

Qu’est ce que la sérendipité ?

Inventé par l’anglais Horace Walpole au XVIIIe, le terme sérendipité évoque un conte persan (e.a. de MAILLY, Louis, Voyages et aventures des trois princes de Serendip, XVIe) où les héros de l’histoire découvrent des choses qu’il ne cherchaient pas du tout, par accident et sagacité. Aujourd’hui, la sérendipité évoque le fait de découvrir fortuitement quelque chose qu’on ne cherchait pas, dans le cadre d’une recherche sur un autre sujet. Cette possibilité de découvrir à l’insu de son plein gré est un argument contre une trop grande spécialisation et une technicité au service d’une efficacité définie a priori. Comme l’explique Sylvie Catellin dans son livre sur le sujet :

La découverte ne peut jamais surgir du seul apprentissage des savoirs disciplinaires, mais implique l’art de l’interprétation des traces et des signes, la disponibilité de l’esprit à accueillir ce qui le surprend et le déroute.

CATELLIN S., Sérendipité. Du conte au concept (2014)

Étrangement, la sérendipité sert le propos encyclopédique en ceci que l’homme, ne pouvant tout savoir (d’où l’intérêt d’un outil de référence comme une encyclopédie) et désirant savoir plus que ce qu’il connaît (d’où l’intérêt d’un site encyclopédique en ligne, où la logique binaire de la base de données peut « surprendre » le fil d’une recherche ciblée a priori), l’homme donc peut être surpris par la découverte d’une pépite de savoir, au détour d’un hyperlien un peu déviant, et s’en réjouir. Du coup, notre métier consiste également à rendre possible cet étonnement devant l’imprévu qui enrichit…

Voyages et aventures des 3 princes de Serendip, communément appelé Les 3 Princes de Serendip, est un conte traditionnel persan publié pour la première fois en 1557. Les 3 Princes de Serendip raconte l’histoire de trois hommes partis en mission qui, sur leur chemin, utilisent des indices ténus grâce auxquels ils remontent logiquement à des faits dont ils ne pouvaient avoir aucune connaissance par ailleurs.

L’histoire du chameau reste le passage le plus connu. Dans celui-ci, les trois princes utilisent les traces laissées par un animal (qu’ils n’ont jamais vu) pour le décrire avec précision (boiteux, borgne, ayant une dent en moins, chargé de miel d’un côté et de beurre de l’autre). Leur intelligence et leur sagacité font qu’ils sont sur le point d’être exécutés par un  sultan sous l’accusation d’avoir volé le chameau. Soudainement, et sans que personne ne soit venu le chercher, un voyageur fait irruption et ramène le chameau qui s’était égaré. En comprenant leurs raisonnements, le sultan gracie alors les trois princes et les comble de somptueux présents. De plus, ces derniers se marient avec les 3 filles du sultan.

Ce conte aurait inspiré le Zadig de Voltaire, où le héros décrit de manière détaillée une chienne et un cheval en déchiffrant des traces sur le sol ; il est accusé de vol et se disculpe en refaisant de vive voix le travail mental effectué.

Deux siècles plus tard, ce conte inspira le philosophe anglais Horace Walpole, qui inventa le terme de sérendipité pour désigner des découvertes inattendues faites grâce au hasard et à l’intelligence. Ce terme fait davantage allusion à la fin du conte, où les héros deviennent riches, célèbres et adulés, alors qu’ils étaient simplement partis chercher l’aventure. Ce sont ces récompenses non recherchées qui sont le résultat final de leur sagacité. Ce n’est donc pas le résultat de leur raisonnement que l’on désigne par sérendipité mais la découverte fortuite de quelque chose que l’on ne cherchait pas.

Dans le domaine de la recherche, on désigne désormais par sérendipité le fait de réaliser une découverte inattendue au cours d’une recherche dirigée initialement vers un objet différent de cette découverte. Il existe plusieurs classifications concernant les phénomènes liés à la sérendipité. Certains distinguent :
– le fait de trouver quelque chose alors que l’on ne cherchait rien. C’est le cas de Georges de Mestral pour le Velcro ;
– Le fait de trouver quelque chose que l’on cherchait mais par un moyen imprévu. C’est le cas de Charles Goodyear qui fait tomber malencontreusement un morceau de caoutchouc enduit de soufre dans un poêle et invente la vulcanisation ;
– Le fait de trouver quelque chose qui sert à tout autre chose que ce à quoi on pensait au départ. C’est le cas pour le Post It.

Cependant, la sérendipité n’est pas redevable à la simple incertitude ou au caractère accidentel ou heureux des circonstances. Elle se manifeste parce qu’il y a un être humain qui fait preuve de certaines qualités, parmi lesquelles la sagacité, le flair, la vigilance et la perspicacité.

d’après BAYARDEDUCATION.COM

Je propose néanmoins qu’on arrête de s’émerveiller devant ce mot étrange, répété à l’envi, comme extrait d’une sapience antique nouvellement exhumée, brandi comme l’explication sine qua non des chemins de la connaissance à l’ère de l’Internet. Je voudrais que l’on arrête d’avancer la sérendipité comme un mode hors piste d’acquisition des savoirs, un enrichissement par surprise de la connaissance : cette acception du terme présuppose que la recherche de la connaissance est une quête linéaire dont l’objet serait prédéfini (un Graal qui serait réellement… un vase, comme dans Indiana Jones) et que l’acquisition de cet objet serait la finalité, le sens de la vie. C’est ainsi que les Princes de Serendip auraient accumulé suffisamment de savoirs, par sérendipité, pour se retrouver riches et célèbres, au terme de leur quête.

Une alternative à cette lecture du terme sérendipité ne se concentrerait pas sur l’accumulation de richesses et de savoirs vue comme une finalité logique, mais rendrait justice à la sagacité et à la disponibilité des Princes devant la nouveauté et l’inconnu, au fait que, confrontés à des énigmes, ils sont restés pertinents et on pensé à propos (merci Montaigne). Le sens de leur quête (initiatique ?) ne résiderait plus dans l’atteinte d’un objet ou d’un savoir spécifique, mais dans l’exercice de leur raison, de leur humanité.

Le terme sérendipité connaîtrait alors un glissement de sens, le résultat obtenu passant de “revenir de périple avec les poches pleines de savoirs” à “revenir de voyage, plus humain d’avoir pu faire de chaque savoir rencontré un exercice de pensée.” Comprendre cela, c’est réaliser ce qui nous motive chaque jour à éditer wallonica.org, en vous invitant à cliquer curieux : c’est provoquer et animer la découverte qui permet l’exercice de soi

Patrick Thonart


[INFOS QUALITE] statut : validé | mode d’édition : rédaction et documentation, compilation et iconographie | auteur : Patrick Thonart | crédits illustrations : © DR.

Que pensait Denis DIDEROT (1713-1784) de wallonica.org ?

ENCYCLOPÉDIE, s. f. (Philosoph.) Ce mot signifie enchaînement de connoissances ; il est composé de la préposition greque , en, & des substantifs , cercle, & , connoissance. […] En effet, le but d’une Encyclopédie est de rassembler les connoissances éparses sur la surface de la terre, d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, & de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ; afin que les travaux des siecles passés n’aient pas été des travaux inutiles pour les siecles qui succéderont ; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même tems plus vertueux & plus heureux, & que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain. (1755)

Tout est dit…